Les anecdotes des AOC Languedoc !
Tous les ouvrages historiques traitant de l’ampélographie soulignent l’ancienneté de la Clairette en Languedoc, sans toutefois en préciser l’origine ! « Ce cépage aurait été implanté par les Grecs lorsqu’ils ont introduit la vigne en Gaule méridionale, mais la Clairette viendrait vraisemblablement d’encore plus loin, peut-être de Mésopotamie », explique Jean Renaud, directeur de la cave coopérative d’Adissan et directeur de l’ODG.
Un cépage très apprécié des Grecs
Il est toutefois certain que ce cépage est attaché aux terroirs chauds, marqués par d’importante sécheresse. « Il ne faut pas oublier qu’au temps de la Grèce Antique (-1700 à -1050), nous étions dans une ère plus chaude que celle que nous traversons. Or, la Clairette est un cépage rigoureux, particulièrement résistant à la sécheresse et à la chaleur » précise Jean Renaud.
En outre, les Grecs auraient favorisé l’implantation de ce cépage, car ils en appréciaient le goût et la sucrosité, adaptée tant pour le passerillage (technique pour enrichir le raisin en sucre par concentration) que pour une consommation de raisin de table.
Un cépage apprécié puis oublié
Mais c’est au 15e siècle que la Clairette connaît véritablement ses heures de gloire. Elle est d’ailleurs servie à la table des rois. « François 1er en dégustait accompagné de petits fours en rentrant de la chasse » remarque Jean Renaud. Elle devient alors un cépage « à la mode » qui se vend plus cher que les autres produits de la région.
Cultivée sur tout le bassin méditerranéen, elle est toutefois peu à peu détruite. « On lui reproche sa faible acidité et sa propension à madériser. Elle est donc remplacée par d’autres cépages ou conservée pour produire du vermouth » explique le directeur.
Une tradition sauvegardée
Dans les années 40, devant la nécessité de conserver leur tradition locale, quelques vignerons décident de réimplanter la Clairette, tout en menant en parallèle d’importants efforts qualitatifs. Un travail exemplaire couronné le 28 septembre 1948, par l’obtention de l’AOC. « Ces vignerons ont réussi à sauver une tradition et à préserver un produit ancestral. C’est grâce à leur travail que nous pouvons encore déguster de la Clairette ! » affirme Jean Renaud.
Et dans le verre ?
« La Clairette est un cépage multifacette qui propose souvent des acidités basses ainsi qu’une belle amertume. Sa peau très épaisse, apporte une légère impression tannique au vin ainsi que structure et complexité » explique Baptiste Ross-Bonneau, sommelier indépendant. Selon sa vinification, la Clairette propose par ailleurs une belle palette d’arômes « de fruits exotiques, mais également de poire et de pêche, voire de fenouil et d’anis selon les terroirs. Les vins plus anciens, type rancios, développent, quant à eux, des arômes de coings, d’abricots secs et de miel » précise le sommelier. L’accord parfait : « en blanc sec, la Clairette se marie parfaitement avec une terrine “terre et mer” de foie gras et de truite fumée ainsi qu’avec des poissons de roche comme des rougets cuisinés en sauce crémée » conclut-t-il.
Baptiste Ross-Bonneau
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