Jean-Marie Cassignol vient d’être élu à la tête des Vignobles Foncalieu, l’union de coopératives audoise. Il remplace Michel Servage, qui a fait valoir ses droits à la retraite. Rencontre…
Viticulteur et arboriculteur, Jean-Marie Cassignol, 52 ans, a toujours travaillé dans la coopération viticole. À la tête d’une exploitation d’une trentaine d’hectares à Aigues-Vives, il a franchi toutes les étapes avant d’être élu, le 17 décembre dernier, à la présidence des Vignobles Foncalieu.
Désormais aux manettes de l’union de coopératives audoise, Jean-Marie Cassignol va en piloter les orientations stratégiques.
Sa première ambition : placer la responsabilité sociale des entreprises (RSE) au cœur de la stratégie de développement. « Suite à un audit mené par Coop de France, Foncalieu a obtenu la note exceptionnelle de 13,2/20 correspondant à un niveau de maturité de ses pratiques de 66 %. Notre stratégie sur le long terme s’appuie sur une approche durable, créatrice de valeur économique, sociale et environnementale pour l’ensemble de nos parties prenantes. C’est l’essence même de la coopération » confie-t-il.
Miser sur les démarches environnementales
Cet engagement s’est déjà concrétisé par la certification de 165 ha de vignes en agriculture biologique, 180 autres hectares étant en cours de conversion. « Aux prochaines vendanges, la production devrait ainsi passer de 10 à 15 000 hectolitres de vins bio » se félicite le président.
Un quart des superficies sont en outre en HVE 3. « En parallèle de ces démarches, l’union est également pionnière dans la lutte par confusion sexuelle, méthode de biocontrôle pour lutter contre les ravageurs de la vigne, mise en place sur plus de la moitié du vignoble. Nous nous sommes par ailleurs équipés de stations météo et d’outils intercep pour limiter les traitements et diminuer les intrants. Nous misons également sur l’accompagnement technique, la formation et la rémunération différenciée pour encourager les adhérents à intégrer une démarche agro-environnementale » ajoute-t-il.
Le pari des cépages résistants
Par ailleurs, face aux enjeux du changement climatique, le groupement n’hésite pas à revoir ses modes de culture et à introduire de nouveaux cépages résistants (Artaban, Vidoc, Floreal). « Ces cépages nécessitent très peu d’interventions phytosanitaires et permettent de nous adapter aux terroirs de demain. Dès lors, nous avons souhaité les mettre en lumière à travers une nouvelle gamme baptisée “Nouveauté”. Celle-ci d’adresse principalement au circuit des cafés, hôtels, restaurants mais elle est aussi disponible, en vente directe, au Comptoir de la Cité » souligne Jean-Marie Cassignol.
Le Comptoir de la Cité est un véritable palais de “La Belle Époque” inscrit au titre des Monuments Historiques. C’est dans ce site emblématique “art nouveau” que Foncalieu propose sa gamme de vins et spiritueux ainsi qu’une sélection de produits du terroir.
Détecter les tendances de consommation
Pour le président de l’union, ces nouveaux cépages représentent l’avenir. « Or, la force de Foncalieu est justement d’élaborer de nouveaux produits en fonction des tendances de consommation. Cette capacité à pouvoir détecter les profils de vin attendus, nous a notamment permis de nous engager sur le segment des rosés premium, en pleine croissance ». Déjà 30 % de la production de l’union des coopératives est dédiée aux vins rosés, avec 14 cépages vinifiés, mais l’objectif est clair : « nous souhaitons devenir un leader qualitatif et incontournable sur ce segment » affirme le président.
Pour atteindre cet objectif, l’union mise notamment sur des contenants innovants et alternatifs, « plus légers, recyclables, durables avec un bilan carbone optimisé ».
Des débouchés à l’export
Pour se développer, le groupement mise également sur l’export qui représente 70% des ventes et notamment sur son premier débouché, l’Angleterre (25 % des ventes). « Les inquiétudes que nous avions concernant ce marché tendent à s’estomper grâce à l’accord de libre-échange signé dans le cadre du post Brexit. En effet, celui-ci n’impose plus de taxes douanières ni de quotas ».
Les efforts de Foncalieu se concentrent à présent sur l’Asie et particulièrement sur la Chine, ainsi que sur les Etats-Unis, précise Jean-Marie Cassignol. « L’arrivée du président Biden, devrait nous permettre d’en finir avec ces taxes injustes et de pouvoir retrouver le chemin de la croissance » espère-t-il.
Atténuer les effets du Covid-19
Pour autant, le président n’occulte pas la pandémie de Covid-19, en précisant que grâce à la bonne représentation des Vignobles Foncalieu en grande distribution, la coopérative a pu amortir la chute de la commercialisation de ses vins à travers le réseau des cafés, hôtels, restaurants, durement touchés. « Heureusement, les ventes en grande distribution sont en augmentation. Grâce à cela, nous devrions d’ailleurs limiter les dégâts et terminer l’année 2020 avec un chiffre d’affaires autour de -7% ».
Autre solution qui devrait permettre d’atténuer l’impact économique de la crise sanitaire, les vignobles Foncalieu ont lancé il y a quelques mois leur e-boutique, www.comptoirdelacite.com. Un circuit de distribution qui marque un virage à 180° sur le format digital puisqu’un nouveau site Internet devrait également bientôt voir le jour.
De nouveaux projets de développement
Dans un contexte économique tendu, certaines coopératives viticoles frappent à la porte des Vignobles Foncalieu. C’est le cas notamment de la cave de La Redorte, qui devrait intégrer l’union dès les vendanges 2021. « Ce rapprochement a été acté lors de l’assemblée générale du mois de décembre dernier. A travers lui, notre volonté n’est pas de nous développer à tous crins, même si la cave de La Redorte représente à elle seule 50 000 hectolitres. Il s’agit simplement de nous rapprocher de partenaires qui partagent notre philosophie. Ensemble nous souhaitons développer de nouveaux produits correspondants aux desiderata des clients, en vue de les fidéliser chaque jour un peu plus » conclut le président.
Foncalieu en quelques chiffres
Fondés en 1967, les Vignobles Foncalieu sont aujourd’hui composés de 700 vignerons qui cultivent 4000 ha sur trois AOP (Minervois, Saint-Chinian et Corbières) et quatre IGP (Pays d’Oc, Coteaux d’Ensérune, Vallée du Paradis et Cité de Carcassonne). Ils réalisent un chiffre d’affaires de 52 M€ pour une production de 350 000 hl de vin (chiffres 2019).