Pour favoriser la plantation de cépages moins gourmands en eau, le Département mène une étude autour de variétés résistantes à la sécheresse et suit le travail de vignerons pionniers qui vinifient déjà des cuvées issues de ce type de raisins.
Lancé en 2019, le plan Hérault irrigation a été élaboré pour préserver les vignes des impacts du réchauffement climatique. Parmi les pistes de réflexion, le Département soutient notamment des projets permettant une gestion plus raisonnable de la ressource en eau. Il s’intéresse également de très près aux cépages résistants à la chaleur et au stress hydrique.
Échanger avec les vignerons
L’Observatoire viticole du Département a ainsi recensé l’an dernier 16 vignerons pionniers, ayant planté des cépages résistants à la sécheresse. L’objectif : « bénéficier de leur retour d’expérience et comprendre l’origine de leur projet, mais également savoir pourquoi et comment ils ont choisi une variété plutôt qu’une autre. Nous leur avons par ailleurs demandé de nous décrire les divers comportements observés, tant au niveau œnologique qu’agronomique, lorsque c’est possible car la plupart du temps les plantations sont très récentes. Toutes ces informations ont été recensées, de manière précise, dans un inventaire des différentes variétés » explique Gisèle Soteras, responsable de l’observatoire viticole du Conseil Départemental.
Un inventaire précis des cépages résistants
Certains cépages “autochtones” tels que le Piquepoul, le Terret ou encore le Morrastel, figuraient déjà dans cet inventaire, mais étaient jusque-là boudés par les vignerons, car jugés trop difficiles à travailler, fragiles, ou avec de faibles rendements. « Pourtant, face au réchauffement climatique ces variétés patrimoniales se révèlent particulièrement intéressantes, car elles sont bien équilibrées en alcool, avec une bonne acidité » souligne Thierry Boyer, sommelier conseil, associé au groupe de travail de l’observatoire départemental.
D’autres variétés étrangères ont, quant à elles, fait leur apparition dans le catalogue départemental. C’est le cas notamment des cépages grecs, Agiorgitiko et Assyrtiko ou encore de variétés portugaises comme le Touriga Nacional. « Ces cépages proviennent de régions aux conditions climatiques plus arides que l’Hérault et sont donc déjà adaptés à des chaleurs et des sécheresses importantes » précise Thierry Boyer.
Des plantations test
Pour mieux les connaître, des expérimentations sont aujourd’hui en cours dans le département, au domaine départemental des Trois Fontaines (Le Pouget). « L’étude menée au Trois Fontaines, en partenariat avec la profession, la Chambre d’Agriculture et l’INRA est un véritable programme pédagogique avec des plantations portant sur quatre parcelles de 30 à 50 ares » souligne Yvon Pellet, vice-président délégué à l’économie agricole et à l’aménagement rural. « Aujourd’hui, il en effet urgent de se pencher sur de nouvelles possibilités. Les années sont de plus en plus compliquées, avec des épisodes de gel et de sécheresse de plus en plus intenses. Il faut donc réfléchir, ensemble, à des réponses adaptées » remarque Gisèle Soteras.
Partager les connaissances
Dans cette perspective, le Département a par ailleurs souhaité organiser des rencontres entre les vignerons déjà partisans de ces cépages résistants et ceux qui envisagent de les intégrer à leur vignoble. L’intérêt de ces rencontres est ainsi d’orienter et éclairer les viticulteurs encore hésitants. « En effet, la plupart de ces variétés, qu’elles soient patrimoniales ou étrangères, sont pour la majorité des vignerons très abstraites. Il s’agit donc de leur proposer d’en découvrir les principales qualités agronomiques et caractéristiques organoleptiques ainsi que les méthodes de vinification qui leur sont propres » précise la responsable de l’observatoire départemental. « Ces rencontres sont par ailleurs l’occasion de déguster des cuvées élaborées à partir de ces cépages » ajoute-t-elle.