Dans les coulisses de l’Œnothèque de Pierres Vives…

À l'Œnothèque de Pierres-Vives
Gisèle Soteras et Thierry Boyer, acteurs de l'Œnothèque de Pierres-Vives

Le très spectaculaire bâtiment de Pierres Vives, dessiné par l’architecte Zaha Hadid, abrite un véritable trésor ! Dans les sous-sols, à six mètres sous terre exactement, c’est toute la mémoire des vins de l’Hérault qui est conservée… Découverte.

Dans les étages supérieurs du site de Pierres Vives, à Montpellier, reposent près de 36 kilomètres d’archives départementales… Mais depuis 2012, le site abrite également une œnothèque, première du genre en France ! Inédite, cette œnothèque a été pensée par le Conseil Départemental pour démontrer la qualité des vins de l’Hérault et leur potentiel de garde. « En archivant l’ensemble des vins du territoire dans les meilleures conditions de conservation, le Département veut valider et surtout faire connaître le bond qualitatif réalisé depuis 30 ans par ses viticulteurs » affirme Gisèle Soteras, responsable du site. L’espace, entièrement dédié à la conservation des vins de l’Hérault, recèle ainsi près de 3 000  bouteilles ! « L’originalité de l’expérimentation c’est qu’elle s’adresse à l’ensemble des vins du territoire. Toutes les appellations et indications géographiques sont représentées. C’est toute la production du département qui est donc archivée et gardée en mémoire » souligne Gisèle Soteras.

Une analyse régulière des vins conservés

Lors d’un appel à candidatures, 72 vignerons ont accepté de présenter une référence de vin rouge issu des millésimes 2009, 2012 ou 2013. « Après consultation d’une commission d’experts, ces trois millésimes ont été retenus car ils se prêtent naturellement à l’élaboration de vins de garde » précise Gisèle Soteras. 24 bouteilles, pour chacun des vins référencés, ont ensuite été acquises par le Département. Avant de pouvoir disposer d’un emplacement au sein de l’œnothèque, les 72 vins sélectionnés ont tous fait l’objet d’une analyse chimique puis sensorielle réalisée par neuf experts réunis au sein d’une commission indépendante. Depuis, les bouteilles font l’objet d’un suivi analytique régulier et ce sur une période de dix ans, soit jusqu’en 2019. « Les vins sont évalués tous les ans d’après une fiche de dégustation très précise. L’objectif est d’estimer leur potentiel de garde : est-ce qu’il faut boire ce vin car il est arrivé à sa limite de conservation ? Est-ce qu’il est sur le déclin ? Ou a-t-il encore un potentiel de garde plus ou moins important ? » précise Thierry Boyer, sommelier conseil et expert auprès du Département.

« Selon une étude qui a été réalisée en amont, les vins de garde renvoient à une image de rareté, de qualité, de prestige ou encore de grand vin… Il est donc extrêmement intéressant pour les vins du département de pouvoir jouir d’une telle image de marque et d’une telle aura » explique Thierry Boyer sommelier conseil et expert auprès de la commission.

Des résultats impressionnants

Après analyse des premières fiches de dégustation, il s’avère que « sur le millésime 2009, 84% des vins ont encore un potentiel de garde ! Les millésimes 2012 et 2013 semblent suivre ce même schéma » révèle Thierry Boyer. Un résultat qui valide à lui seul la légitimité d’une telle initiative, explique Gisèle Soteras. « Nous ne doutions pas un seul instant de la qualité des vins du département, mais la preuve est désormais là ! Nous allons dorénavant pouvoir faire rayonner un savoir-faire et une qualité qui va bien au-delà du département. Le but est en effet de porter cette image au-delà de nos frontières ». Pour Thierry Boyer, l’intérêt d’une telle expérimentation est double. « Les résultats obtenus sont absolument inédits et ont une réelle valeur scientifique. En outre, cette démarche permet l’échange d’expérience voire d’expertise, entre les différents professionnels des domaines et des caves particulières qui participent à cette expérimentation, et ce au profit de toute la filière ».

Une cave à la pointe

Pour promouvoir la qualité des vins héraultais, il était nécessaire de créer un espace digne de les recevoir. C’est la raison pour laquelle le département a souhaité confier la réalisation et la mise en œuvre de la cave à Thierry Boyer, sommelier conseil. « Nous avons étudié cinq types de matériaux pour concevoir cet espace : le béton, la brique, le fer, le bois ou encore la pierre de Beaulieu. C’est finalement ce dernier matériau qui a été privilégié car la pierre de Beaulieu à la capacité de réguler l’hydrométrie ». Véritable écrin dédié à la conservation, le vin trouve ici les meilleures conditions possibles pour évoluer et s’exprimer. « L’espace de 14 m² est laissé à température constante de 16°C et toutes les 6 heures, une sonde extrêmement performante questionne la pièce pour mesurer l’humidité ou encore la luminosité. Cette cave est donc une véritable Rolls-Royce » affirme Thierry Boyer. Au-delà d’être extrêmement bien conçue et performante, cette œnothèque pourra, demain, « servir de mètre étalon, de schéma constructeur, pour permettre de construire une cave exceptionnelle » conclut Thierry Boyer.

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