Le Département de l’Hérault mène actuellement plusieurs expérimentations sur les cépages résistants, afin d’aider les viticulteurs à s’adapter au changement climatique et à réduire leur impact sur l’environnement…
Sur les 30 dernières années, les températures de l’Hérault ont augmenté de 0,3 à 1,5°C et les projections 2050 font état d’une hausse d’1 à 2,5°C. Conséquence : les épisodes répétés de sécheresse menacent la pérennité des cultures, en particulier des vignes.
Une véritable préoccupation pour le Département de l’Hérault. Et pour cause, à elle seule, la viniculture génère 565 millions d’euros de volume d’affaires. « La viticulture représente 80 % de l’agriculture héraultaise. Elle a donc un poids économique important, mais elle façonne aussi les paysages qui font la richesse et l’attrait du territoire », souligne Gisèle Sotéras, responsable du service Filières Agricoles au sein du Département.
Des expérimentations autour des cépages résistants aux maladies
Pour préserver la filière, le Département de l’Hérault souhaite dès lors accompagner la profession viticole vers une agriculture durable et résiliente. En 2018, le Département a ainsi lancé le plan Hérault Irrigation 2018-2030. « Celui-ci a déjà permis d’identifier les zones où l’irrigation et l’accès à l’eau est difficile. Pour répondre à ces cas particuliers, des expérimentations sont actuellement menées sur le domaine départemental des Trois Fontaines, au Pouget, autour de variétés de vignes tolérantes aux maladies. Les maladies cryptogamiques ont en effet un très fort impacte sur la gestion de la ressource en eau, car moins il y a de traitements plus la qualité des eaux souterraine est préservées. Or, dans l’Hérault, l’eau potable émane à 96 % des eaux souterraines. La réduction des intrants est donc un enjeu fondamental sur notre territoire», remarque la responsable.
Une parcelle dédiée à l’étude des cépages résistants à la sécheresse
Pour préserver les ressources en eaux, le Département s’intéresse par ailleurs de très près aux cépages résistants à la sécheresse. « Nous sommes actuellement en train de recenser les variétés étrangères, qui sont cultivées dans des zones plus arides que les nôtres. L’objectif est par la suite d’implanter ces mêmes variétés sur notre terroir, pour observer comment elles vont se comporter sur le plan agronomique : est-ce qu’elles vont bien se développer sur nos différents types de sols ? Est-ce que ce sont des variétés vigoureuses et productives ? », ajoute Gisèle Sotéras.
Une fois sélectionnées, les variétés seront plantées dès 2023, sur une parcelle de plus d’un hectare dédiée à leur étude, au sein du domaine des Trois Fontaines. « Pour l’heure, nous sommes en train de préparer le sol en amenant de la matière organique. L’objectif est en effet de proposer des conditions optimales de développement à ces variétés. La matière organique a par ailleurs un grand pouvoir de rétention en eau, cela augmente donc la réserve d’eau utile au sol, ce qui n’est pas négligeable ».
Déguster les cépages et les cuvées de demain…
Parallèlement, le Département a entrepris des travaux de réaménagement du domaine départemental de Bayssan à Béziers. Celui-ci devrait accueillir un pavillon des vins, et une nouvelle œnothèque. « Actuellement, l’œnothèque de Pierres-Vives, située à Montpellier, est dédiée à la recherche autour des vins de garde de l’Hérault. Les vins qui y sont conservés sont des vins rouges, produits dans l’Hérault. Ils sont analysés tous les ans, afin de déterminer leur évolution dans le temps. Cette expérimentation a été mise en place en 2012 et devrait se poursuivre encore quelques années. La nouvelle oeonothèque du domaine de Bayssan, permettra sans doute de continuer cette approche, mais autour, cette fois, des vins blancs ou encore des vins doux naturels. L’idée est également de conserver dans les nouveaux locaux, des vins issus des cépages résistants à la sécheresse, pour mieux les connaître et comprendre leur évolution. Les informations que nous avons concernent uniquement les vins issus de variétés produites à l’étranger. Nous ne savons donc pas comment vont se comporter ces mêmes variétés sur nos terroirs », note Gisèle Sotéras.
Pour la deuxième année consécutive, l’Observatoire Viticole de l’Hérault organise le 3 novembre une dégustation de cépages adaptés à la sécheresse. Cette année, les vignerons et experts pourront découvrir des cuvées élaborées à partir de Touriga Nacional (rouge) et d’Alvarinho (blanc). Dix cuvées différentes provenant du Portugal dans la Vallée du Douro ou de domaines languedociens seront ainsi présentées pour mieux appréhender les qualités de ces cépages, qui font partie de variétés résistantes à la sécheresse, et échanger sur le potentiel de ces cépages.
Accompagner et conseiller les vignerons sur l’avenir
L’objectif de cette démarche est ainsi, à terme, de fournir des références sur les variétés retenues afin de pouvoir orienter les viticulteurs souhaitant les implanter sur leurs parcelles. « Il est important de pouvoir transmettre les informations que nous auront collectées auprès des vignerons afin qu’après, ils puissent construire leur propre stratégie sur leur exploitation et choisir les cépages qui leur conviennent le mieux, en fonction du profil des vins qu’ils souhaitent élaborer. Le Département veillera ainsi attentivement à mettre à disposition des professionnels l’ensemble des recherches », indique Gisèle Sotéras, qui rappelle que cette démarche vise également à accompagner les vignerons dans leur transition écologique. « Il s’agit ainsi de leur proposer des solutions aux vignerons permettant de réduire les intrants, la consommation en eau ou d’améliorer leurs performances tout en respectant l’environnement », conclut la responsable.