En ce début de vendanges, Ludovic Roux, président des vignerons coopérateurs de Coop de France Occitanie, fait le point sur la gestion de la crise du Covid-19 et sur la nouvelle campagne..
Les vignerons coopérateurs d’Occitanie ont réalisé à la fin du mois d’août un premier bilan de la période « Covid ». Qu’en est-il ?
L’année a été particulière. Elle était annoncée comme l’année du vin, mais ce ne sera définitivement pas celle du vigneron. Nous avons en effet connu de nombreux aléas climatiques, avec des gelées, de la grêle, des attaques de mildiou exceptionnelles suivies par d’importantes sécheresses et aujourd’hui, des dégâts de sanglier. Par-dessus cela, il faut rajouter le Covid-19. Face à cette pandémie, nous avons dû réagir rapidement pour prévoir les protocoles et trouver des solutions. Nous étions, à ce titre, en lien permanent avec le gouvernement pour discuter des nouvelles mesures à mettre en place et les transmettre aux coopératives. Grâce à ce travail sans relâche, nous avons réussi à résister et à maintenir l’activité de d’une grande majorité de coopérateurs.
Durant cette période inédite, des mesures de gestion du marché ont également été mise en place. Qu’elles sont-t-elles ?
Après cette première gestion de crise, la profession a très vite compris que nous ne pourrions pas écouler tous les stocks et qu’il fallait donc en éliminer une partie, soit près de 3 millions d’hectolitres. Or, le recours à la distillation n’était plus dans les textes et donc légalement impossible. Il fallait donc que l’Europe valide cette décision, ce qu’elle a heureusement fait. En outre, jusqu’à présent les distillations étaient la solution du dernier recours. Or cette fois, il s’agissait au contraire d’une distillation d’anticipation. Les prix et les volumes devaient être suffisants pour éviter un effondrement du marché. Là encore, nous avons été entendus, car cette distillation a été financée par l’Europe à hauteur de 30 euros l’hectolitre. Grace à une enveloppe française supplémentaire, nous avons pu atteindre 78 euros pour les IGP et les AOP et 65 euros pour les vins sans IG. C’est historique !
Comment la région Occitanie soutient-elle de son côté ces efforts ?
La Région Occitanie a proposé en juillet dernier un plan de relance fort, à hauteur de 7 millions d’euros, dont 80% est destiné au soutien aux entreprises dans leur relance commerciale et 20% concerne l’accompagnement d’actions collectives des interprofessions. 500 000 euros sont également alloués à une communication régionale. Ce plan organisé sur 18 mois, est par ailleurs basé sur le principe de « 1 euros pour 1 euros » ce qui permet d’atteindre au total plus de 14 millions d’euros. Une somme importante qui va sans doute faire émerger de nombreux projets. Cela va dans le bon sens, ce qui nous permet de rester positifs.
Comment appréhendez-vous, justement, les prochains mois et notamment l’évolution du marché ?
Nous sommes plutôt optimistes car en Languedoc nous avons une offre adaptée au marché, nous avons même gagné des parts de marché avec les IGP Pays d’Oc. Par ailleurs, de nombreuses caves sont désormais certifiées HVE, Terra Vitis et le bio se développe fortement, ce qui correspond aux attentes des consommateurs. Les IGP ont également fait face avec des baisses relatives en comparaison à d’autres catégories de vin. La seule inconnue concerne les AOP Rouge d’entrée de gamme, qui connaissent une crise structurelle importante. Là, il faudrait peut-être basculer une partie des volumes en AOC Languedoc Rosé, catégorie en plein essor, ou en IGP de Territoire dont les prix sont supérieurs aux AOP génériques, avec un rendement plus intéressant…
Les vendanges ont commencé par endroits. Que peut-on déjà dire de cette nouvelle campagne et du millésime 2020 ?
Concernant la campagne, les récoltes sont très hétérogènes. Certaines zones particulièrement touchées par les aléas climatiques, n’ont quasiment rien à récolter. Donc si on regarde dans l’ensemble, les volumes de 2020 devraient être dans la norme (NDLR : autour de 12,7 millions d’hectolitres contre 11,5 millions en 2019), pour une qualité qui s’annonce plutôt bonne.
Avec des pluies au printemps, un temps sec cet été et maintenant des nuits fraîches pour accompagner la maturation, toutes les conditions sont réunies pour garantir une bonne qualité des vins. Sur le marché, cela devrait se traduire par une stabilité des prix, voire une augmentation de l’ordre de 5 euros par hectolitres pour les rosés et les IGP. Nous avons des disponibilités normales, des vins qualitatifs et une offre qui se porte bien. La suite de la campagne dépendra des décisions politiques et sanitaires et bien entendu des éventuels sursauts du Covid-19…