Comme pour beaucoup d’autres cultures, les vignes sont très sensibles aux conditions météorologiques qui peuvent affecter le moment de la récolte, la quantité de raisin récoltée, de même que la qualité finale du vin.
Une étude récente menée par Benjamin Cook de l’université de Columbia et son homologue Elizabeth Wolkovich, de l’université de Harvard, a réussi à démontrer une corrélation entre l’augmentation moyenne des températures et la précocité des vendanges.
En se basant sur les données récoltées dans le vignoble français depuis près de 400 ans, les scientifiques ont établi qu’en moyenne, avant les années 80, les vendanges commençaient autour du 28 septembre. Depuis 1988, année de l’inflexion de la courbe de hausse des températures, la date moyenne de début de vendanges se situe 13 jours plus tôt, soit le 15 septembre.
Or, selon le scientifique de tels événements risquent de devenir plus fréquents dans les années qui viennent. « Il faut s’attendre, avec la poursuite de la hausse des températures, à ce que les dates de vendanges continuent d’avancer ».
Et ce n’est pas seulement la chaleur estivale et ses pics de canicule qui font mûrir le raisin plus vite (au contraire quelques fois la chaleur peut même bloquer la maturité des grains), c’est la température moyenne sur l’année qui rend chaque stade du développement de la vigne plus précoce.
Conséquences de la chaleur sur la récolte
Conséquence de ces changements climatiques, les épisodes météo violents tels que le gel, la grêle et bien entendu la sécheresse, sont plus fréquents et leur intensité plus élevée, augmentant ainsi le risque de perte de production.
De nouvelles maladies ou parasites peuvent également apparaître avec le réchauffement climatique. « La hausse des températures peut en effet favoriser le raccourcissement des cycles reproducteurs et donc le nombre de générations d’insectes sur une année » prévient Benjamin Cook.
La qualité même du vin évolue, ses caractéristiques changent : avec les chaleurs les taux de sucre augmentent dans les moûts et cela peut donner des vins plus alcooleux et moins acides.
Des pistes pour faire face à la hausse des chaleurs
Face à ces changements constatés, les vignerons doivent nécessairement s’adapter et modifier leurs méthodes de viticulture. L’effeuillage est ainsi limité en période chaude et de sécheresse, pour ne pas exposer les baies de raisin aux brûlures du soleil. Les vignerons éciment également les rangs de vigne plus bas sur la souche afin de réduire la surface foliaire et ainsi limiter la photosynthèse et la maturation trop rapide des raisins. Bon nombre d’entre eux ont enfin mis en place des techniques d’enherbement et de mulchage (paillage du sol) pour constituer un couvert végétal limitant l’évaporation d’eau en période de chaleur.
Côté vinification, les vignerons peuvent lutter contre le manque d’acidité en sélectionnant des levures capables de produire moins d’alcool à partir du même taux de sucre, ou en acidifiant le vin avec de l’acide tartrique, même si la méthode est moins naturelle. La désalcoolisation grâce à la filtration membranaire de l’alcool dans le vin est également possible. A noter que la filtration est aussi possible avant fermentation pour enlever le sucre, on parle alors de désucrage.
Le saviez-vous ?
Jusqu’à présent, on évaluait la maturité des raisins à 100 jours environ après la première fleur. Mais désormais cette règle n’existe plus ! De toute évidence, l’historique de la dernière décennie démontre que le délai entre la pleine floraison et les vendanges est en moyenne de 85 jours dans la dernière décennie, 90 jours depuis 1998. Il s’agit d’une vraie tendance à un raccourcissement de ce délai, voir en dessous des 80 jours sur les trois dernières années. Et l’année 2020 s’annonce comme une année record ! Un peu partout en France, les vignes sont très en avance, avec parfois jusqu’à trois semaines par rapport au calendrier habituel. En Languedoc les vendanges devraient ainsi démarrer avant le 15 août…