Située au cœur de l’Hérault, la Clairette du Languedoc est avec Fitou l’une des plus anciennes appellations de l’AOC Languedoc mais sans doute aussi l’une des moins connues…. Présentation !
Un cépage venu d’ailleurs
L’histoire de la Clairette est aussi ancienne que celle du vignoble du Languedoc. «Ce cépage aurait été implanté par les Grecs lorsqu’ils ont introduit la vigne en Gaule méridionale, mais personne n’en connaît véritablement l’origine ! Car en principe un cépage est toujours issu d’un croisement avec d’autres variétés. Or, la clairette n’a aucun point commun avec d’autres cépages déjà cultivés à l’époque… Elle vient donc de beaucoup plus loin que le bassin méditerranéen. Il se dit même qu’elle aurait été ramenée par Alexandre Le Grand des rives de l’Indus, fleuve ultime devant lequel il stoppa sa conquête de l’Inde ! », précise Jean Renaud, directeur de la cave coopérative d’Adissan.
Des heures de gloire… à l’oubli
Au 18e siècle, La Clairette connaît ses heures de gloire et devient un cépage « à la mode » qui se vend plus cher que les autres produits de la région. Cultivée alors sur tout le bassin méditerranéen, elle est toutefois peu à peu détruite. « On lui reproche sa faible acidité et sa propension à madériser. Elle est donc remplacée par d’autres cépages ou conservée pour produire du vermouth » explique Jean Dardé, président la cave coopérative d’Adissan.
La Clairette du Languedoc perd alors progressivement sa réputation et son image de marque. « Au 19e siècle, on n’en trouve plus qu’en France et notamment à Die et à Limoux, car à l’époque elle était assemblée au mauzac pour produire la fameuse blanquette ! » ajoute Jean Renaud.
Une tradition sauvegardée
Devant la nécessité de conserver leur tradition locale, quelques vignerons décident de réimplanter la Clairette, tout en menant en parallèle d’importants efforts qualitatifs, récompensés le 28 septembre 1948 avec l’obtention de l’AOC. « Certains vignerons se sont rendu compte qu’ils étaient en train de perdre complètement leurs origines, avec notamment l’arrivée du carignan, cépage plus rentable. Car à l’époque plus personne ne voulait travailler la clairette. Avec l’obtention de l’AOC, ils ont réussi à sauver une tradition et à préserver un produit ancestral. C’est grâce à leur travail que nous pouvons encore déguster de la Clairette ! », affirme Jean Dardé.
La plus petite des appellations
Reconnue en 1948, la Clairette est, avec Fitou, l’une des plus anciennes appellations de l’AOC Languedoc. Elle est aussi la plus petite appellation en superficie. Sur 2 000 hectares délimités AOC Clairette du Languedoc, 110 hectares seulement sont en production autour de 11 communes : Adissan, Aspiran, Le Bosc, Cabrières, Ceyras, Fontès, Lieuran-Cabrières, Nizas, Paulhan, Péret, Saint-André-de-Sangonis.
L’appellation est également l’une des plus petites du Languedoc, en termes de volumes avec une production annuelle de 4 300 hectolitres « Aujourd’hui la production de vin moelleux dépasse celle du vin blanc sec. Elle représente deux tiers des volumes. C’est le cas notamment à la cave d’Adissan, qui produit 2 500 hectolitres de Clairette dont 1 400 hectolitres de moelleux. La production reste marginale car il est beaucoup plus compliqué de faire du moelleux qu’un vin sec. C’est un produit très technique. Or, cette technique c’est surtout les caves coopératives qui la détiennent », remarque Jean Dardé.
Vin tranquille, la Clairette du Languedoc peut être vinifiée sous 4 formes différentes :
- Vin sec (12° d’alcool minimum)
- Vin moelleux (12° d’alcool minimum)
- Rancio après trois années de vieillissement (14° minimum)
- Vin de liqueur (17°)
Vinifiée en blanc sec, la Clairette a des arômes de fruits de la passion, de mangue et de goyave, notamment chez les vins jeunes et des arômes de noisette, de confiture, pour des vins déjà vieillis.
En moelleux, on trouve des arômes de poire, de miel et de pêche et parfois de fenouil et d’anis selon les terroirs. Les vins plus anciens développent, quant à eux, des arômes de coings et de miel.
Une appellation tournée vers l’avenir
Cépage très rustique la Clairette aime le soleil et les sols maigres, secs et caillouteux. « La Clairette tient particulièrement bien la sécheresse et les fortes températures. C’est donc un cépage qui a de réels atouts face aux changements climatiques », souligne Jean Dardé, président la cave coopérative d’Adissan.