40 ans de l’appellation Faugères : une histoire marquée par le courage et l’obstination des vignerons

Le terroir des vins de Faugères
Le terroir des vins de Faugères - Photo © Diabolo Bohème

Le vignoble de Faugères fête cette année ses 40 ans en AOC et s’affirme comme une référence du vignoble languedocien. Présentation avec Nathalie Caumette, présidente du syndicat du cru Faugères…

L’appellation Faugères fête cette année ses 40 ans, quelles sont ses spécificités ?

L’appellation Faugères s’étend sur 2100 hectares au nord de Béziers et de Pézenas, sur un terroir sauvage et encore préservé par la garrigues et les espaces boisés. Le sous sous-sol est l’un des plus anciens du monde viticole, et l’un des plus rares. Il est constitué  principalement de schistes gréseux issus de la compression des argiles de l’ère primaire. Ce sol très particulier a une incidence forte sur la typicité de nos vins.

Qu’en est-il de l’histoire de cette appellation ?

Avant tout, Faugères célèbre ses 40 ans, mais il s’agit d’un simple anniversaire lié à la reconnaissance en AOC. L’appellation revendique en effet déjà plus de 300 000 millions d’années d’histoire de par sa géologie et son terroir. Elle a également traversé les ères et les époques avec brio : les vins de Faugères étaient servis sur les table des plus grands rois. Au 18e siècle, le médecin de la faculté de Montpellier, Arnaud de Villeneuve, contribue lui-même à la notoriété de Faugères, en mettant au point la fameuse Fine de Faugères, dont il se servait comme médicament. 

Mais la véritable histoire de Faugères débute  officiellement en 1948, avec la délimitation de l’aire géographique dans ses contours actuels. En 1955, Faugères obtient l’appellation d’origine de Vin de Qualité Supérieur. En 1982, c’est la consécration avec l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée pour les vins rouges et rosés. Les producteurs de vins de Faugères se sont alors conformés aux condition de production restrictives de l’INAO, mais très vite ils ont gagné en indépendance avec l’envie de faire mieux et différemment. C’est avec force, courage et un brin d’obstination, qu’ils sont ainsi parvenus à faire reconnaître les vins blancs en 2005, avec un temps d’avance sur la plupart des appellations de la région. Aujourd’hui, les tendances de consommation leur donnent raison car les vins rouges sont en recul au profit des vins blancs.

Comment qualifieriez-vous justement le caractère des vignerons de Faugères ?

Ici, les vignerons sont plutôt rebelles. Ils refusent de s’aligner quand ils perçoivent qu’ils peuvent faire avancer les lignes. Ce sont de véritables pionniers. Grâce à leur travail, à leur volonté et leur vision, l’appellation a su évoluer, se réinventer et surtout anticiper. C’est ainsi, qu’en 2011, au moment de la réécriture de son cahier des charges, l’appellation s’est clairement positionnée sur la défense de son territoire et de son terroir. Nous avons été parmi les premiers à miser sur l’agro-écologie et les nouvelle pratiques culturales. Là encore, il a fallu se battre, car ce n’était pas du tout au programme de l’INAO. L’avenir nous a encore donné raison, puisque quelques temps plus tard, Faugères a été pris en exemple par l’INAO lorsqu’il a été décidé d’inscrire de nouvelles mesures environnementales aux différents cahiers des appellations.

Où en êtes-vous d’ailleurs aujourd’hui en termes de pratiques environnementales ?

De très nombreux vignerons de l’appellation sont en lutte raisonnée, mais la majorité des producteurs et des surfaces sont labellisés en agriculture biologique. Il faut en outre souligner qu’à faugères, 80% des exploitations vont au-delà des critères imposés par l’INAO. L’ appellation a par ailleurs développé son propre Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles. L’un de ses objectifs prioritaires de Faugères est en effet de réduire autant que possible les traitements obligatoires contre la flavescence dorée en procédant à une surveillance minutieuse et régulière du vignoble. Nous avons également recours à la confusion sexuelle sur plus de 450 ha. Enfin, de nombreuses expérimentations écologiques sont menées au sein des exploitations de l’appellation, concernant notamment l’enherbement, ou la préservation des ressources en eau.

Quels sont, selon vous, les enjeux de l’appellation Faugères pour les quarante prochaines années ?

L’appellation, comme elle sait si bien le faire, doit anticiper et regarder vers l’avenir, car sans doute faudra-t-il repenser l’encépagement afin de produire des vins moins chaleureux. Mais à Faugères nous n’avons peur de rien, car le terroir est ultra-qualitatif et permet d’élaborer des vins très équilibrés, avec une belle acidité.
Au delà des vins, l’appellation Faugères devra rester moderne et pionnière pour toujours prendre en compte et s’adapter aux attentes des consommateurs. Enfin, évidemment, l’appellation devra conserver sa posture volontariste pour préserver son terroir et l’environnement en général.

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